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Du sud de l’Inde à Charlottetown : trouver le bonheur en tant que travailleur paramédical

Les travailleurs paramédicaux demeurent silencieux, conscients de la lourde responsabilité qui repose sur eux, alors que l’ambulance file à toute allure vers le domicile d’une famille en détresse. À l’intérieur, des parents profondément inquiets sont penchés sur leur enfant dont les petites joues habituellement roses ont pris une teinte bleutée des plus préoccupantes. L’enfant est étendue, immobile. Sa petite poitrine ne bouge pas. Elle semble avoir eu un arrêt cardiaque, mais quelle en est la cause? Une malformation congénitale peut-être? Sans perdre un instant, les travailleurs paramédicaux se mettent à l’œuvre; leur formation leur permet de pratiquer la réanimation cardiorespiratoire (RCR) et d’administrer de l’oxygène. 

Bibin Peter, l’un des travailleurs paramédicaux sur place, prend doucement la mère à part pour savoir ce qui s’est passé dans les minutes qui ont précédé l’appel d’urgence. Elle lui explique qu’elle a commencé à donner des aliments solides à sa fille, et qu’elle lui faisait essayer du beurre d’arachides. En entendant ces mots, Bibin s’empresse de demander un auto-injecteur d’épinéphrine, soupçonnant que l’enfant avait subi un choc anaphylactique – une réaction allergique à la fois rare et grave qui peut être mortelle si elle n’est pas prise en charge immédiatement. De précieuses secondes s’écoulent tandis que les travailleurs paramédicaux administrent l’épinéphrine, l’unique espoir de contrer la réaction allergique qui empêche l’enfant de respirer. Puis un léger souffle envahit la pièce, suivi du son rassurant des pleurs de l’enfant – et d’une expression de soulagement sur le visage des travailleurs paramédicaux.

Cette expérience restera à jamais gravée dans la mémoire de Bibin comme l’un des moments les plus marquants de sa carrière d’ambulancier paramédical en soins avancés (APSA). Né au Kerala, dans le sud de l’Inde, et élevé au Qatar, il vit et travaille aujourd’hui à 10 000 kilomètres de là, à l’Île-du-Prince-Édouard, troquant le sable doré du désert de la péninsule arabique pour le sol rouge distinctif de l’île.

Les six premiers mois, je me demandais où j’avais atterri, puis peu à peu, cet endroit m’a séduit. 

Bibin se souvient de l’excitation qu’il ressentait à l’idée de s’envoler pour une première fois vers Toronto après l’année et demie passée à l’Île-du-Prince-Édouard. 

« Je me souviens encore de mon vol de retour vers l’Île-du-Prince-Édouard; dès que les portes de l’avion se sont ouvertes, j’ai senti l’air frais et je me suis dit que j’étais heureux de rentrer à la maison. »

Sur les traces de sa famille 

Bibin a grandi dans une famille de médecins et de premiers répondants. Sa mère, Anija, est infirmière, son père, Peter, est pompier, et son frère, Binoy, est médecin. Au départ, son objectif était de suivre les traces de son père et de devenir pompier, mais en apprenant qu’il y avait une attente de six ans avant d’être admis dans le programme, il suit le conseil de sa mère et poursuit des études en travail paramédical. Il lui en est énormément reconnaissant aujourd’hui.

Bibin arrive au Canada en 2021 en vue d’obtenir un baccalauréat en sciences paramédicales de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard (UÎPÉ). Jusqu’à ce moment, sa connaissance de l’Île-du-Prince-Édouard se limite à ses recherches sur Google, après qu’un recruteur de l’UÎPÉ se soit rendu au College of the North Atlantic – Qatar (CNA-Q) et lui ait suggéré de poursuivre ses études à l’université. Une fois ses études au CNA-Q terminées, Bibin travaille dans le secteur paramédical au Qatar, puis fait le grand saut trois ans plus tard en s’inscrivant au programme de l’UÎPÉ. 

Ce fut une décision difficile à prendre, entre autres parce que mes options étaient limitées si je voulais rendre visite à ma famille au Qatar. Mais je me suis dit qu’il fallait parfois faire des sacrifices pour atteindre ses buts. Alors j’y suis allé. 

Après l’obtention de son diplôme, Bibin décide de rester à l’Île-du-Prince-Édouard pour acquérir de l’expérience sur le terrain et commence à travailler à Island EMS, le fournisseur de services d’ambulances terrestres de l’Î.-P.-É. et une filiale de Services de santé Medavie.

Deux mondes à part

Être travailleur paramédical à l’Île-du-Prince-Édouard et dans le paysage urbain animé du Qatar, ce n’est vraiment pas la même chose. Et bien que la superficie du Qatar soit similaire à celle de l’Île-du-Prince-Édouard, le pays compte près de 3 millions d’habitants, alors que l’Île-du-Prince-Édouard n’en compte que 176 000. 

« Les services d’ambulance du Qatar sont toujours occupés, toujours. C’est intense. »

De plus, le Qatar est plus diversifié sur le plan culturel, et l’origine ethnique des habitants joue un rôle dans le large éventail de troubles de santé que traitent les travailleuses et travailleurs paramédicaux. Par exemple, les patients et patientes provenant du Népal présentent un risque élevé d’arythmie cardiaque en raison de l’altitude élevée de leur pays d’origine. La population de l’Île-du-Prince-Édouard est toutefois nettement plus âgée qu’au Qatar.

« La plupart de nos patients et patientes sont des personnes âgées. Au Qatar, les appels provenant de personnes âgées représentent seulement 2 % du volume total des appels. »

Bibin ne se voit pas retourner à la vie urbaine. Il aime trop le rythme lent de l’île, la beauté de ses paysages et la gentillesse de ses habitants. Étant une personne extravertie et joviale, il est reconnaissant des amitiés qu’il a nouées ici, de même que des nombreuses activités de plein air auxquelles l’île lui donne accès – la randonnée, le cyclisme, les promenades sur les plages et la baignade dans l’océan – des activités dont il profitait déjà lorsqu’il vivait au Qatar.

Il est également reconnaissant du soutien qu’il reçoit de la part de son employeur et de son équipe.

« Ils font preuve d’une grande flexibilité et ont réellement envie de travailler en équipe. J’aime chaque moment passé sur la route avec les membres de mon équipe. »

Sauver des vies et donner naissance à de nouvelles

Bibin confie que la partie la plus valorisante de son travail est la reconnaissance qu’il reçoit de la part des familles à qui il vient en aide. 

 Il n’y a rien de plus gratifiant que les membres d’une famille qui nous remercient d’avoir sauvé la vie d’un de leurs proches. 

Selon lui, les principales qualités pour être un bon travailleur paramédical ou une bonne travailleuse paramédicale sont la patience, de même que de bonnes capacités d’écoute et de recherche pour être en mesure de définir le meilleur plan de soins. Il en a eu la confirmation cette fois où il a diagnostiqué un choc anaphylactique chez un enfant. Parmi les autres moments marquants de sa carrière, il a aidé quatre mères à accoucher au Qatar. Il attend toujours de se transformer en cigogne maintenant qu’il est à l’Île-du-Prince-Édouard. 

Son conseil à toute personne qui envisage de faire carrière dans le domaine des soins paramédicaux : s’assurer que c’est une vocation. « Si c’est le cas, ça va vous plaire. »

En avril 2024, Bibin est retourné en Inde pour épouser sa femme Ann, préposée aux soins en établissement, lors d’un mariage accueillant 500 invités. Il espère maintenant que son épouse tombera elle aussi amoureuse de la vie sur l’île. 

 Je suis heureux d’être resté, ça en valait vraiment la peine. 

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